
Comme dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, l’opposition politique en Côte d’Ivoire subit de plein fouet des représailles et des tentatives d’intimidation. Selon nos investigations, un climat de peur plane sur nombre de militants et sympathisants politiques, qui hésitent à exprimer librement leurs opinions au risque d’être menacés, arrêtés, ou contraints à l’exil.
C’est le cas de M. Fofana, militant de longue date aux côtés de l’ancien président Laurent Gbagbo. En 2011, après l’accession au pouvoir du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), il avait été contraint à l’exil au Ghana pour fuir les menaces de torture émanant de milices hostiles qui avaient envahi Abidjan.
De retour au pays, M. Fofana a de nouveau fait face à une série de menaces, notamment en 2022, ce qui l’a poussé à se confier à la presse burkinabè. En juin 2023, alors qu’il préparait sa candidature pour les élections municipales et régionales de septembre dans sa région natale, il affirmait être l’objet de pressions visant à le dissuader de se présenter. Craignant pour sa sécurité, il a lancé un appel à l’opinion nationale et internationale, redoutant des représailles contre lui et sa famille.
Le climat politique est jugé de plus en plus hostile par plusieurs observateurs, avec un système judiciaire perçu comme inféodé au pouvoir en place. Des activistes vivant à l’étranger sont fréquemment interpellés dès leur retour au pays. Un exemple récent est celui d’un militant connu sous le pseudonyme de « Peter 007 », partisan de Laurent Gbagbo, qui a été arrêté dès son arrivée en Côte d’Ivoire.
Son fils, vivant au Québec, n’échappe pas non plus à cette vague d’intimidation. En plus de ses positions politiques exprimées ouvertement sur les réseaux sociaux, il est aujourd’hui visé en raison de son orientation sexuelle. Âgé de 32 ans, il avait publié sur son ancienne page Facebook des messages de soutien à la communauté LGBT, une minorité encore largement persécutée en Afrique subsaharienne. Depuis, toute sa famille fait l’objet de menaces persistantes.
Selon plusieurs rapports d’organisations humanitaires, les personnes issues de la communauté LGBT en Côte d’Ivoire vivent dans une précarité extrême, privées de protection et exposées à diverses formes de violence, dans l’indifférence des autorités.
Cette situation soulève de nombreuses inquiétudes quant au respect des droits humains et aux garanties démocratiques dans un pays où l’alternance politique reste encore synonyme de danger pour certains citoyens.